La théorie libérale repose en grande partie sur l'idée que la réglementation doit être faite par le marché et non par l'État. En effet, le marché serait équipé de mécanismes de correction automatique des déséquilibres. Pourtant, l'une des caractéristiques de la période que Jean Fourastié appelait dans ses mots « Les trente Glorieux » est l'importance de l'idée que le rôle de l'État est central au bon fonctionnement du marché et de l'économie en général.
En effet, d'un État protecteur, il devient un État providence, garant de l'intérêt général et du bien-être du plus grand nombre. Notez que l'État-providence repose sur deux idées :
A lire également : Comment faire l'analyse d'une entreprise ?
- Solidarité : selon W. Beveridge, elle doit « libérer l'homme du besoin »
- Efficacité : Keynes considère que l'intervention de l'État doit réguler l'économie.
Mais depuis les années 1970, l'État providence connaît une véritable crise d'efficacité et légitimité. La crise de l'État providence dans les économies de marché développées et l'abandon de l'économie planifiée dans les anciens pays socialistes d'Europe de l'Est ont mis en lumière la réglementation du marché.
Lire également : Les raisons et les modalités pour dire « Veuillez accepter ma démission du poste de professeur de français »
Plan de l'article
I — Un débat théorique de longue date : la vision keynésienne contre la vision libérale
1) La vision libérale : le marché est roi
Cette théorie est basée sur la notion de « main invisible » d'Adam Smith en 1776 dans Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations. À savoir, l'idée que le marché est le plus souvent le moyen de régulation le plus efficace qui existe. La recherche de chacun pour son propre intérêt mène à l'intérêt général.
Pour les néoclassiques, une dissolution durable et généralisée de l'économie est alors impossible car le mécanisme du marché retrouvera toujours son équilibre qui optimise le bien-être des agents.
Selon Adam Smith, la réglementation du le marché doit se faire seul, l'État doit être minimal et s'en tenir aux fonctions régaliennes (police, justice, administration, etc.). Mais surtout, l'État ne doit pas intervenir dans l'économie pour réguler le marché. Les mécanismes du marché (offre et demande) garantissent alors que les intérêts de chacun sont conciliés avec l'intérêt général.
2) La vision keynésienne : une intervention de l'État est nécessaire
Pour John Maynard Keynes, admettre que les comportements individuels sont rationnels, cela ne conduit pas toujours à une situation optimale. En période de ralentissement économique, et surtout de ralentissement de la demande, la baisse des prix à la consommation incite les ménages à retarder leurs achats pour profiter de la baisse des prix qu'ils anticipent et qui résulte du droit du marché. Ils participent ainsi au maintien de la spirale récessionniste.
Alors que la théorie néoclassique enseigne que le marché est parfait et que les déséquilibres ne peuvent être que temporaires et partiel. Keynes, au contraire, estime que la crise est due à l'inefficacité de la régulation par le marché. L'exemple le plus connu de l'époque restera celui de la crise de 1929 où elle nécessitera une intervention de l'État à grande échelle (sous Roosevelt) après un déni total du gouvernement précédent.
Keynes prône donc une intervention de l'État. Ce dernier doit remplacer le marché lorsqu'il est déficient et mettre en œuvre des politiques économiques cycliques.
II — La triple crise de l'État providence depuis les années 1970
L'intervention de l'État dans l'économie s'est beaucoup développée après 1945, notamment avec la généralisation des systèmes de sécurité sociale et l'introduction de politiques de redistribution des revenus. Mais le ralentissement de la croissance dans les années 1970 a suscité des interrogations sur cette intervention. C'est à cette époque que le P. Rosanvallon a publié The Welfare State Crisis (1981). Cette crise est de 3 types : solvabilité, efficacité, légitimité.
1) Une crise de solvabilité
Le financement de la protection sociale est de plus en plus difficile. Tout d'abord, les besoins sociaux augmentent. Deuxièmement, les dépenses consacrées aux allocations de chômage et à l'assistance aux chômeurs de longue durée augmentent en raison de la hausse du chômage et de sa durée. Enfin, les dépenses de retraite augmentent en raison de l'évolution démographique, de l'augmentation de l'espérance de vie et du développement de la retraite anticipée.
2) Une crise d'efficacité
Malgré l'effet redistributif de la protection sociale et la prétendue garantie d'égalité des chances en matière d'éducation par le biais de services collectifs, les inégalités se creusent, ce qui soulève la question de l'efficacité du système de lutte contre les inégalités (prélèvements et avantages).
L' « équation keynésienne » est à bout de souffle : les politiques de relance, comme la reprise de Mauroy (1981), exacerbent les déficits publics. En outre, l'État social a de plus en plus de mal à couvrir certains risques sociaux ; ce faisant, « l'insécurité sociale » (R. Castel) augmente.
Enfin, dans l'économie ouverte, l'État est confronté à un dilemme : soit sa fiscalité est lourde, auquel cas il assure certainement une protection sociale élevée à ses citoyens et peut également attirer des travailleurs étrangers. En contrepartie, il risque de provoquer la fuite des capitaux (évasion fiscale, délocalisation d'entreprises), soit la fiscalité est plutôt faible, dans ce cas, des entreprises étrangères ainsi que des revenus élevés peuvent être attirés, mais la protection sociale et les infrastructures sont moins importantes.
3) Une crise de légitimité (crise philosophique)
Les mécanismes impersonnels des prélèvements et avantages sociaux, caractéristiques de l'État-providence, ne satisfont plus les citoyens à la recherche de relations moins anonymes et de solidarité fondées davantage sur des relations interindividuelles, c'est-à-dire une solidarité ciblée, individuelle et non plus collective. En outre, les avantages sociaux tels que le revenu minimum ou les avantages sociaux, conformément aux intuitions néoclassiques, maintiennent rationnellement le travailleur dans des « pièges inactifs » (surtout dans les années 1990), il s'agissait d'une évolution paradoxale des politiques sociales : partant d'une situation où ils étaient censés soutenir le plein emploi, ils étaient peu à peu utilisé pour retirer des personnes du marché du travail.
III — Néanmoins, l'État est toujours nécessaire pour superviser et compléter le marché
1) L'intervention de l'État est essentielle et nécessaire pour garantir l'efficacité du marché
De nos jours, la plupart des démocraties et des économies développées reconnaissent que l'État est indispensable à la régulation des économies de marché. L'État a donc un rôle à jouer dans la régulation et le contrôle des marchés.
En effet, l'économie nous montre que le marché peut effectivement être imparfait. Il existe de nombreux exemples. Par exemple, lorsqu'un acteur du marché (rappelez-vous sa définition : réel ou fictif ou répond à l'offre et à la demande afin d'atteindre un niveau, un prix et une quantité échangés) détient un pouvoir de marché, le marché n'est pas en mesure d'assurer un équilibre qui maximise le bien-être social et économique.
Un autre exemple est qu'en cas d'oligopole ou de monopole, l'État peut imposer des règles (par exemple, le contrôle des cartels) pour lutter contre les imperfections du marché et rendre le mécanisme du marché efficace en restaurant la libre concurrence.
Les asymétries d'information constituent une autre imperfection du marché et ne permettent pas au marché d'être efficace. L'aléa moral sur les marchés financiers, sur le marché du travail, etc. nécessite et justifie une intervention de l'État pour éviter une prise de risque excessive ou une sélection défavorable. De nombreux exemples existent (externalité, biens publics, commerce international, etc.) et justifient aujourd'hui l'intervention de l'État.
Cependant, les déséquilibres du marché ne sont pas uniquement économiques. Ils sont également sociaux. Et cela justifie une autre intervention de l'État. Le bon fonctionnement du marché ne conduit pas nécessairement à un équilibre parfait. L'État peut alors chercher à limiter les inégalités de revenus résultant de l'allocation primaire des ressources faite par le marché.
Différentes mesures sont possibles pour effectuer une redistribution, telles que le développement de la progressivité fiscale, qui consiste à augmenter le taux d'imposition à mesure que les revenus augmentent, ou le RSA.
Les politiques sociales seront encore explosées dans un article qui sera bientôt publié, avant les concours de départ !
Ainsi, nous pouvons dire que les critiques à l'égard de l'État ont certainement été excessives. Alors que le développement économique va de pair avec des sociétés de plus en plus complexes, l'État doit intervenir pour surmonter un nombre croissant de défaillances du marché.