Quand remettre le contrat de travail (CDI) ?

Le contrat Ă  durĂ©e indĂ©terminĂ©e est un accord de collaboration Ă  long terme entre l'employeur et le salariĂ©, qui offre une certaine stabilitĂ© Ă  ce dernier. Il est Ă©galement dans l'intĂ©rĂȘt de l'employeur qui envisage une embauche en CDI, Ă  condition qu'il ait une visibilitĂ© suffisante sur les activitĂ©s futures de l'entreprise.

Pour formaliser son engagement, l'employeur doit remettre au salarié un contrat de travail. L'absence ou la remise tardive du contrat de travail peut avoir des ramifications financiÚres, que nous allons aborder dans cet article.

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Mode de transmission du contrat de travail

Bien que les textes ne prĂ©cisent pas le mode de remise du contrat de travail, il est prĂ©fĂ©rable de le remettre en main propre en raison du temps que prendrait sa transmission par voie postale, mĂȘme en cas d'envoi spĂ©cifique. Les dĂ©lais ont un effet.

Délais de remise du contrat de travail

Selon le Code du travail, l'employeur est tenu de transmettre le contrat de travail au salarié dans les deux jours ouvrables (c'est-à-dire tous les jours de la semaine sauf le jour de repos hebdomadaire, qui est généralement le dimanche) suivant l'embauche. Ces deux jours ne comprennent pas le jour de l'embauche.

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Exemple : si un salarié est embauché le 25 mai, l'employeur doit lui transmettre le contrat au plus tard le 27 mai.

Conséquences du non-respect des délais

Si le contrat n'est pas transmis au salariĂ© dans les deux jours ouvrables suivant l'embauche, l'employeur devra verser au salariĂ© une indemnitĂ© pouvant aller jusqu'Ă  un mois de salaire. Le salariĂ© qui souhaite obtenir cette indemnitĂ© peut saisir le Conseil des prud'hommes. Par ailleurs, le Code du travail impose une amende de 3 750 € Ă  l'employeur qui ne respecte pas le dĂ©lai de transmission du contrat.

À noter qu'avant le 24 septembre 2017, le juge pouvait requalifier systĂ©matiquement en CDI le contrat transmis Ă  un salariĂ© en CDD ; aujourd'hui, le juge vĂ©rifie au cas par cas les critĂšres de requalification du CDD en CDI.

Par ailleurs, si le contrat est Ă  temps partiel, l'employeur risque de voir le contrat Ă  temps partiel requalifiĂ© en temps plein si le salariĂ© le demande aux prud'hommes en l'absence de versement ou en cas de versement tardif. Cette requalification est coĂ»teuse, car l'entreprise peut ĂȘtre contrainte de verser au salariĂ© un rappel de salaire basĂ© sur un travail Ă  temps plein !

Les dangers du travail dissimulé

Lorsque l'employeur refuse de dĂ©clarer le salariĂ©, les agents habilitĂ©s Ă  lutter contre le travail illĂ©gal, comme l'inspecteur du travail, peuvent dĂ©couvrir lors d'un contrĂŽle dans l'entreprise que le travailleur n'a pas de contrat de travail et constater le travail dissimulĂ©. Les sanctions pour le travail sans permis sont Ă©levĂ©es. Les sanctions pour l'employeur sont les mĂȘmes que pour le travail illĂ©gal : jusqu'Ă  3 ans de prison et 45 000 € d'amende.

Suppression des aides publiques (exonĂ©ration de cotisations sociales ou aides liĂ©es au contrat d'apprentissage, par exemple) pour une durĂ©e maximale de 5 ans ; remboursement des aides publiques dĂ©jĂ  perçues au cours des 12 derniers mois ; exclusion des marchĂ©s publics pour une durĂ©e maximale de 6 mois ; suspension administrative provisoire pour une durĂ©e maximale de 3 mois par le prĂ©fet (ou le prĂ©fet de police Ă  Paris) ; le matĂ©riel professionnel peut Ă©galement ĂȘtre confisquĂ©.

Il convient de noter que le procureur de la RĂ©publique est habilitĂ© Ă  autoriser des enquĂȘteurs Ă  accĂ©der aux locaux professionnels oĂč se dĂ©roule une activitĂ© professionnelle afin de vĂ©rifier l'absence de travail dissimulĂ©.

En revanche, s'il n'y a pas d'activitĂ© dans les locaux au moment de leur visite, les enquĂȘteurs ne sont pas autorisĂ©s Ă  rester ou Ă  effectuer des actes d'enquĂȘte (Cass. crim., 1er septembre 2020, n° 19-87.449).

Dans le cadre d'un délit de travail dissimulé, l'URSSAF n'est pas tenue de démontrer l'intention frauduleuse de l'employeur pour procéder à un redressement (Cass. 2e civ., 9 juillet 2020, n° 19-11.860).